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Yahn Aka est un écrivain ivoirien, poète, nouvelliste et romancier. Il est aussi guitariste amateur. Des dieux éphémères est son dernier roman paru en 2020 aux éditions Maïeutique en Côte d’Ivoire.
La prose nouchizée de « Des dieux éphémères », dernier roman de Yahn Aka, nous introduit dans l’administration Ibièkissèdougoulaise. L’œuvre dénonce les dérives politiques au cœur de la gouvernance du ministre de l’Éducation Zoro Bi Ballo
Les différentes intrigues se déroulent dans un pays imaginaire appelé Ibièkissèdougou.
L’intrigue se situe dans le conflit entre le ministère de l’Éducation et l’association des étudiants syndicalistes d’une part et les parents d’élèves d’autre part. Les étudiants menacent d’entrer en grève parce qu’ils ont découvert une supercherie organisée par le ministère de l’Éducation pour soutirer de l’argent aux parents d’élèves. Ce conflit se détériore et met en difficulté le ministère. Mais, comme il est de coutume dans la plupart des pays de ce continent, c’est la loi du plus fort qui finit par primer.
Le roman s’ouvre avec une panne d’ascenseur qui immobilise les mouvements des personnes devant se rendre jusqu’au 12e étage. Cette panne d’ascenseur et l’attitude de l’équipe de maintenance ainsi que celle des employés du ministère, soulignent l’irresponsabilité qui réside au sein non seulement de cette administration, mais aussi de toutes les personnes qui, dans ce pays, ont une parcelle de pouvoir. En réalité, chaque personne est chef dans son petit univers et s’autorise tout le désordre possible.
Ibièkissèdougou est le pays de la confluence des vices, des misères, des irresponsabilités et des dictatures, une mythique hécatombe, un explosif à morcèlement, un tombeau ouvert. Yahn Aka en a fait le lieu fondamental de son roman.
Corruption, gabegie, jalousie, prostitution et injustices sont dénoncées dans ce roman. Si l’auteur parle de Ibièkissèdougou, le roman traduit la réalité de la plupart des pays d’Afrique. Il indexe l’irresponsabilité des gouvernements qui pillent, gèrent mal et mènent une vie de débauche innommable.
Tout le roman est basé sur cette nébuleuse qui plane autour de ce pays. Toutefois, au milieu de cette corruption générale, il y a toujours des personnes, des lumières, qui essaient de croire que les choses peuvent changer. Tel est le cas, par exemple, des étudiants qui désirent la justice.
Pour rendre compte de cette obscurité, Yahn Aka opère par assemblages, énumérations, relances de formules. Il entremêle bien les intrigues, les lieux de corruption et de déshumanisation. Il utilise un langage accessible à tous et souligne, implicitement, l’urgence d’une éthique en politique.
En marge de la dictature du monde politique, Yahn Aka mentionne la répression, l’injuste, la décrépitude, la supercherie et la marchandisation du corps de la femme. Rien ne marche.
J’ai bien aimé ce roman osé, car Yahn Aka a fait un pari : écrire un roman en utilisant le Nouchi. Je vous le recommande.
Nathasha Pemba
Référence :
Yahn Aka, Des dieux éphémères, Abidjan, Maïeutique, 2020.