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Ce qui fait la spécificité d’un écrivain, ce qui relève son authenticité, en tant qu’écrivain, c’est sa capacité à dire les choses dans la langue de son cœur et de son imaginaire. Alors, après avoir lu ce roman on soulignera la spécificité de Stéphane Larue, Lauréat du Prix Senghor en 2017 et du prix des libraires 2017.
Dans ce premier roman, Stéphane Larue manifeste le souci constant de l’authenticité de la réalité telle qu’elle est et telle qu’on peut la toucher. Il raconte la plongée ou on va dire le plongeon dans l’univers des cuisines montréalaises, dans les machines à sous, dans la musique métal et dans les nuits interminables. Le plus palpable c’est le métier de plongeur : les rushs, les odeurs et l’eau crasseuse qui collent à la peau, le bruit des verres, des sueurs et des va-et-vient… mais plus vivant, les sorties après le travail entre collègues.
Stéphane Larue est un conteur. Il donne la vie à chaque personnage au point d’amener son lecteur à se familiariser avec eux, à s’attacher…
Le visage du narrateur :
Un jeune normal avec les problèmes que la majorité des jeunes de son âge. Un étudiant en graphisme. Il est âgé de 20 ans. Il s’initie à la vie.
Il est en quête d’un job parce qu’il faut couvrir les dépenses. Il lui faut donc de l’argent. Il contracte des dettes et ne rembourse jamais . Il ment. Il ne paye pas ses factures parce qu’il est un fidèle des machines à sous. Il est accroc aux machines à sous. Il lui faut un job, peu importe. Et on lui propose d’être plongeur dans un restaurant de Montréal. C’est le dévoilement.
La force de ce roman :
L’intensité de l’écriture. Les exemples entre les multiples tâches qui incombent aux personnes de cuisine et leurs délires personnels. Stéphane Larue décortique le tout avec force et précision. Il entraîne le lecteur dans un univers qui lui est peut-être connu ou inconnu. Chacun se retrouve quelque peu dans ce roman.
L’écriture est souple, le rythme palpitant.
L’auteur est québécois et fait la belle part au lecteur en faisant voyager son lecteur dans l’univers des expressions québécoises de la première à la dernière phrase :
« Perds pas le beat, sinon t’es faite. Si ça rushe et que ce n’est pas propre, checke les savons pis le filtre. Rince bien avant d’envoyer le stock dans la machine pis change ton eau souvent. Essaye d’enlever la marde qui tombe dans le dish pit au fur et à mesure, pour ne pas boucher l’évier »
Stéphane Larue a une vision de la société très réaliste. En plus d’être un roman d’initiation à la vraie vie, l’œuvre est formatrice au sens où en parlant du monde des cuisines, il souligne les mouvements du personnel, le déploiement des ego de celles et ceux qui « commandent », la difficulté de ce travail.
Je vous le recommande
Nathasha Pemba
Références:
Stéphane Larue, Le plongeur, Montréal, Le Quartanier, 2017
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