1. Qui êtes-vous, Gaston Mabaya ?
Cette question me paraît, à la fois, intéressante et embarrassante dans la mesure où elle suscite en moi le sentiment d’un personnage complexe. Difficile de me définir ! Si je me réfère à mes écrits, essentiellement, à mon récit de vie « Le périple miraculeux; de Ndobo (RD-Congo) à Toronto
(Canada), je peux alors m’exprimer en toute sincérité que je suis un béni de Dieu. Pour mieux expliciter cette assertion, il sied de revisiter ma vie sur trois volets majeurs : humain, intellectuel et professionnel.
Humainement parlant, loin de prétendre d’être parfait, je puis affirmer avec certitude que je suis bien éduqué et armé de respect d’autrui sans reléguer au second plan ma courtoisie et ma sincérité. Par ma famille, j’ai acquis la culture religieuse expliquant mon engagement aux activités de l’église pour ensuite devenir un serviteur de Dieu au sein de l’Église Catholique Romaine (Diacre Permanent). Cette dernière dimension justifie, à suffisance, mon implication dans les actions caritatives et de justice sociale.
Sur le plan intellectuel, j’ai effectué de bonnes études, de la Section Scientifique (Math-Physique) jusqu’au Doctorat en Sciences Appliquées en passant par les études d’ingénieur en électronique.
Ma carrière professionnelle illustre sans ambiguïté la complexité de mon être. Ceci est à couper le souffle. Je le mentionne avec beaucoup d’humilité. La rédaction de mon récit de vie, dotée d’une inspiration me rappelant mon Itinéraire comme si tout s’était déroulé en une journée, m’a révélé les différentes facettes de ma capacité à entreprendre plusieurs métiers avec succès. Le chapitre 8 de mon récit de vie, intitulé “Vie professionnelle multicolore” à la page173, déterre, de façon substantielle, un parcours très passionnant et inspirant. En résumé, je puis mentionner les fonctions essentielles : Professeur d’université, Doyen de Faculté, Conseiller technique à la Présidence de la République, Chercheur international, Directeur général d’un centre de recherches en Sciences Appliquées, Directeur technique dans une entreprise privée, Directeur général d’un organisme communautaire, Administrateur dans quelques entreprises privées et publiques, Administrateur dans quelques organismes communautaires, Auteur et, pas des moindres, Diacre Permanent au Diocèse de London. Un coup d’œil au chapitre 8 de “Un périple miraculeux, de Ndobo (RD-Congo) à Toronto (Canada), L’Harmattan, 2017” assoupirait la soif des lecteurs à ce sujet.
C’est finalement dans mon essai “Sur les pas de Jésus, témoignages et exhortation, l’Harmattan, 2018” que le verset 8 du Ps. 32 m’éclaire sur la substance du chemin parcouru dans ma carrière professionnelle.
Qu’est-ce qui vous a conduit à choisir les sciences appliquées ?
Je voulais devenir astronaute. J’avais une passion pour l’univers.
Comment est née votre passion pour les Sciences appliquées et quelles sont les difficultés rencontrées lors de votre parcours scolaire et universitaire ?
J’avais un choix difficile à déterminer l’orientation de mes études après les deux années de cycle d’orientation (en RD-Congo, après les six ans du cycle primaire, on passe deux ans de cycle d’orientation à l’issue desquels on est orienté vers la section appropriée des humanités). Trois choix étaient évoqués pour moi : le petit Séminaire pour devenir prêtre, la section scientifique ou la section littéraire. J’étais qualifié pour l’un ou l’autre. Mon ambition à devenir astronaute a pesé sur la balance, tout en balayant les deux autres options. Hélas! Celles-ci m’ont rattrapé : En plus d’être un scientifique, aujourd’hui, je suis Diacre Permanent (à défaut d’être ordonné prêtre) et auteur/écrivain, ma passion littéraire. Comme quoi : “chassez le naturel, il revient au galop !”
Pour répondre à la deuxième partie de la question, je dirais que mes études, en général, constituent la période la plus réussie de toute ma vie.
Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours comme professeur à l’Université de Kinshasa ?
Comme professeur à l’Université de Kinshasa, je garde un excellent souvenir. C’est le souvenir d’une carrière réussie pour être allé jusqu’au sommet des fonctions académiques et administratives de la Faculté : assistant, professeur associé, professeur puis professeur ordinaire (full) et vice-doyen à la recherche, vice-doyen à l’enseignement et puis doyen. Au Canada, avant de me verser dans les secteurs privé et communautaire, j’avais enseigné à Humber College à Toronto (Emerging Technologies) et au Collège Boréal à Windsor (Introduction à l’Informatique). L’éducation et la littérature demeurent une passion pour moi.
Passionné de Dieu et passionné du Christ, vous êtes aujourd’hui diacre permanent. Est-ce un défi, une vocation, une ouverture vers l’Autre et l’autre ?
Une vocation.
Qu’aimeriez-vous faire davantage pour parler des bienfaits de Dieu dans votre vie ?
Témoigner de ma vie : ce que Dieu a fait pour moi et évangéliser (annoncer la parole de Dieu aux autres)
Être Diacre, Homme de sciences et écrivain apporte-t-il de l’équilibre dans votre vie ?
Je me sens tout à fait équilibré. C’est tout mon être et je reste convaincu que je ne serais pas “moi” sans ces trois dimensions ensemble.
Qu’aimez-vous dans l’écriture ?
La lecture et l’écriture étant une passion pour moi, écrire devient une sorte d’expression sur papier de mon inspiration et aspiration internes.
Pourquoi avoir écrit Le manuscrit de mon père ?Est-ce pour rendre hommage ou bien pour réparer quelque chose ?
Rendre hommage, informer et inspirer les lecteurs.
Que symbolise Gorée dans votre parcours ?
Gorée symbolise toute une histoire de ma vie. Ce lieu d’embarquement des esclaves vers les Amériques se résume aussi dans une portion de l’histoire de ce jeune homme de 13 ans qui, enlevé par les esclavagistes portugais et récupéré par les missionnaires catholiques, m’a inspiré la rédaction de la trilogie : L’Hôpital dont le Tome 1 s’intitule “le manuscrit de mon père.” Gorée ouvrira d’autres portes dans mon parcours d’auteur.
L’histoire des héros et héroïnes de vos œuvres romanesques est-elle basée sur des faits réels observés ou bien est-ce de la pure fiction ?
Généralement 30 à 40 % sont des faits réels moulés dans la fiction.
En tant qu’écrivain, comment avez-vous vécu la période de la Covid-19 ?
Une période de pleine réflexion et d’inspiration. Pendant cette période, j’avais beaucoup lu et rédigé trois chapitres dans trois Collectifs différents, les trois en anglais : 1) Peter and Patrick in the African bush (Ch. IX) by Gaston NK Mabaya, dans Anthology 2 “Grow Together” de Immigrant Writers association; 2) Are you a Toubib? By Gaston NK Mabaya dans Anthology 3 “Moving Forward” de Immigrant Writers Association; 3) Covid-19 is here by Gaston NK Mabaya dans “101 Things to ponder during a pandemic” printed by The Carter’s Printing Group Ltd.
Quels sont les dix livres les plus importants de votre bibliothèque ?
Aussi curieux que cela puisse paraître, je lis tout sans distinction. Dans ma bibliothèque, riche de plus de 100 ouvrages, il y a de tout : des livres religieux aux romans tant de fiction que de non-fiction en passant par les récits de vie, des essais, des pièces de théâtre et des recueils de poèmes. De ce fait, les classer en ordre d’importance me semblera périlleux comme exercice d’autant plus que chacun m’apporte une saveur particulière de la littérature et surtout un brin d’inspiration. Ceci ne m’empêche pas d’en citer quelques-uns qui peuplent ma table de travail ou mon chevet en quête de lecture : Passé Composé d’Anne Sinclair, Le Jour se lèvera de Gabriel Osson, J’assume de Béchir Ben Yahmed, Dans le ventre du Congo de Blaise Ndala, Une Terre Promise de Barack Obama et sa version anglaise (The Promised Land), Devenir de Michelle Obama, Séisme (Théâtre) et Shahrazade Démissionne (Conte Scénique) de Saïde Benyoucef, Dias de Fété Ngira-Batware Kimpiobi, Masques (Recueil de poèmes) de Nafée Faïgou, l’Histoire oubliée de la contribution des esclaves et soldats noirs à l’édification du Canada (1604-1945) par Amadou Ba, The House of Kennedy by James Patterson and Cynthia Fagen, sans oublier les livres religieux (dont la Bible, les livres de dévotion, etc.) et bien sûr les livres scientifiques qui constituent la base de mes enseignements.
Quelle est la place de la lecture dans votre quotidien ?
Je lis tous les jours de l’année. La lecture a une place de choix dans mes activités quotidiennes.
Que vous évoque ce mot : Persévérance ?
Une arme de résilience et une source d’espoir.
Un conseil, un souhait pour la jeunesse africaine qui se trouve un peu partout dans le monde ?
Mon conseil à la jeunesse africaine est de croire en elle-même et à sa capacité de relever les défis de développement de l’Afrique. L’Afrique est un continent d’avenir et elle a besoin des fils et filles intègres, combattifs et compétents.
Merci Gaston,
Interview réalisée par Nathasha Pemba